Visite de l’église Sainte Thérèse


sources: la plaquette parue en 1952,le dernier dépliant du 12.12.2004, l’article de Marie Gabrielle Leclainche dans le bulletin de l’AMEB, les cahiers du patrimoine,  et  la visite guidée du P. Roger Blot, le 3.3.05.

Implantation générale

Nous sommes en 1936.

« Sur le plateau du Haut Quineleu, au milieu des champs, on peut apercevoir de tous les coins de la ville la silhouette hardie d’une flèche, qui s’élançant à 60m du sol vers le ciel , constitue le grand signal de la nouvelle paroisse. »

L’Art Moderne

Après la guerre de 1914-1918, de nombreuses églises seront reconstruites. Elles feront appel aux possibilités architecturales données par le béton armé. C’est une période de soif d’essentiel, qui s’exprimera dans le dépouillement des formes, que l’on retrouve dans d’autres bâtiments contemporains (Trocadéro à Paris, E.U.R à Rome).
Le concepteur, l’architecte rennais Hyacinthe PERRIN, avait déjà réalisé  la chapelle du Carmel de la rue d’Antrain. Tout en respectant les formes classiques de l’art religieux traditionnel, il a fait  de l’église Ste Thérèse une oeuvre d’art moderne. Très sobre dans ses détails, très pittoresque dans ses profils, cet édifice accuse le souci que l’on a mis dans la simplification des formes sans concéder à leur qualité. Il a su donner à son oeuvre unicité et simplicité, hardiesse et élégance. Les lignes,vives et saccadées tranchent avec celles de l’architecture religieuse du début du 20eme siècle, plus conventionnelle, comme par exemple  dans les églises proches des Sacrés-Coeurs, ou de St Hélier; dues à l’architecte Régnault.

La structure extérieure

La conception de cet édifice vise à ce qu’il soit plus qu’une église, mais un centre de pèlerinage à Ste Thérèse de l’Enfant Jésus pour le diocèse. Béatifiée le 17 mai 1925, Ste Thérèse connaît une grande célébrité et son culte s’étend rapidement.
Ceci explique les dimensions de cette église: 46m de longueur et 28m de largeur avec  un clocher de 60 m qui est visible de loin. Elle est conçue pour accueillir un millier de fidèles. Son plan est celui de la croix grecque.
Ce qui est caractéristique, c’est l’utilisation répétitive du triangle dans l’enchevêtrement des toits et des volumes extérieurs. L’ effet de pyramide des volumes entraîne un élan « vers le haut ».

Les matériaux

 Le schiste violet de Pont Réan pour les soubassements. Le grès blanc de St Germain pour les murs en élévation et le ciment armé pour les structures. Les matériaux, par leur juxtaposition et le choix des coloris forment un ensemble harmonieux souligné par les colorations bleu foncé de l’ardoise d’Angers en toiture, qui par un dégradé partant en dominante de la flèche, s’étage au dôme du transept avant de descendre de l’abside aux sacristies et absidioles.

La façade

La façade principale est précédée d’un porche dont le fronton est orné d’un motif représentant une « Hostie » portant la croix en surimpression, et entourée de deux colombes en attitude de vénération.

Ce fronton est dominé par un Christ en croix à l’allure majestueuse, oeuvre de l’artiste Paul Bourget. Ce Christ,bras et mains étendus, accueille et bénit les fidèles qui franchissent le seuil de la maison de Dieu.

La façade est calée à sa droite par une haute tour qui fuse d’un seul jet vers le ciel en lignes très sobres à la base, pour s’épanouir à la hauteur de la chambre des cloches en des ajours de broderie de pierre en forme de feuille de fougères stylisées rappelant les parements des costumes bretons.
Cette tour soutient une flèche surmontée d’une croix qui domine à 60 m du sol.

A côté de cette tour, une tourelle abritant l’escalier d’accès à la tribune est couronnée d’une « lanterne des morts », élément typique de l’architecture bretonne. Avant la dernière guerre, une lumière y était allumée pour signaler un décès.

Le clocher est d’une grande élégance, offrant l’impression de solidité et de souplesse.

Aux bas des grands rampants de toiture qui calent le dôme, sont figés trois animaux grotesques qui évoquent les esprits maléfiques demeurant à l’extérieur et à qui est interdite l’entrée dans la Maison du Seigneur. Ces statues, de Paul Bourget, servent également de gargouille vomissant les eaux torrentielles des intempéries.

Elles sont mises en valeur, la nuit, par des projecteurs.

Des sculptures en bronze en forme de feuille de ginko recueillent l’eau à son point de chute. Ces derniers aménagements, éclairage et feuilles en bronze ont été crées par la Ville de Rennes dans le cadre de la modernisation de la place.

A l’intérieur…

Le plan est proche de la croix grecque, avec une croisée des transepts surmontée d’un dôme pyramidal reposant sur quatre arcs à pans qui s’entrecroisent en s’appuyant sur des colonnes rondes, basses et trapues.

A droite, en entrant, le baptistère.Il évoque, les fleuves d’eau de la vision d’Ezéchiel: du côté droit du temple sort un fleuve  qui diffuse la vie en abondance: l’eau du baptême. La verrière qui éclairait les fonts baptismaux a été détruite en 1944. Elle représentait les cerfs s’altérant à une rivière. «  Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu »
Le baptistère avait été déposé en 1966 pour faire de cet espace une chapelle. Il a été restauré et replacé lors de la remise en état après l’incendie de 2001. Il est en contrebas du pavement de la nef, degré symbolique rappelant que pour son baptême Notre Seigneur descendit dans les eaux du Jourdain. La cuve baptismale est en pierre blanche de forme octogonale, supportée par quatre colonnettes. Elle repose sur un dallage en émaux de Briard aux colorations heurtées. Au pourtour court, sur les murs un riche revêtement de grès cérame aux tons dégradés. Lors de la rénovation, 400 tesselles de céramique de différents tons bleu appartenant au stock de mosaïques d’Odorico de la ville de Rennes ont été heureusement retrouvés et replacés.
Les fonts baptismaux sont clos par une haute grille en fer forgé rehaussé de cuivre et où s’enchâssent, dans les volutes du métal, les lettres de l’alphabet grec alpha et omega, rappelant la parole du Christ:« Je suis l’alpha et l’omega »; le commencement et la fin. Elle est l’oeuvre de M Brand, artiste serrurier rennais.

En avançant dans le sanctuaire, on pourra remarquer le vide impressionnant du dôme, le chevauchement de ses arcs, la qualité de ses peintures, le flamboiement des vitraux. Lorsqu’en effet les rayons du soleil animent les verrières, tout le vaisseau de l’édifice se trouve vivifié par le jeu des bleus, des rouges et des jaunes.

Les vitraux

Ils sont l’oeuvre de Mr Rault, peintre-verrier de Rennes, qui a su donner à ses verrières une luminosité remarquable, grâce aux.  verres colorés dans la masse.

On peut retrouver dans ses compositions l’inspiration des textes et  les symboles de l’Ecriture.  Dans le dôme, les quatre vivants de la vision du prophète Ezéchiel. 
 

Cette symbolique servit ensuite à caractériser les quatre évangélistes:       (Lion: St Marc, Aigle: St Jean, Ange: St Matthieu, Taureau: St Luc ).

Pour le choeur, ce sont les épis et le raisin, et dans les grands claustras, c’est la « pluie de roses » en l’honneur de Ste Thérèse qui sert de thème à la composition.

Ils ont été restaurés, après l’incendie par Henri Hembold maître verrier à Corps-Nuds.

La peinture décorative

Oeuvres du peintre rennais, Louis Garin les toiles peintes se détachent sur le fond uni. Leur fonction est, outre la décoration, d’enseigner les fidèles et de les inciter à la méditation et à la prière. On peut admirer ainsi, sur les tympans quatre fresques, puissantes dans leur sobriété de tons pastel. Elles retracent l’histoire de Ste Thérèse depuis son enfance jusqu’à son agonie.

La toile, sur la voûte du dôme, évoque la gloire et la récompense au ciel.

Dans les plafonds inférieurs, qui sont cloisonnés en charpente apparente,viennent s’enchâsser les sept dons de l’Esprit, (Sagesse, Intelligence, Conseil, Force,Science,Piété, Amour de Dieu), qui traités dans un symbolisme très étudié, donnent une note de couleur se détachant sur les bois teintés.

Au dessus de la mosaïque d’entrée du choeur, la toile représente l’Esprit Saint sous la forme d’une colombe. Dans le choeur, nous retrouverons d’ autres peintures de Louis Garin.

Le chemin de croix

Il marque la maîtrise de l’artiste qui a choisi ici le réalisme, contrairement aux peintures précédentes. Couleurs franches et vives, « gros plans », quasi cinématographiques sur les visages et les mains d’un personnage, centrant immédiatement l’attention et faisant mieux comprendre le drame de la passion.

L’orfèvrerie


Porte du tabernacle de l’autel Ste Thérèse

Elle contribue largement à l’ornementation des autels. Les portes de tabernacles, croix de chrismation ont été exécutées par Emile Evellin, orfèvre à Rennes.


Les mosaïques

Autre élément essentiel de la décoration: Les pavages et mosaïques d’Isidore Odorico.
L’architecte Hyacinthe Perrin a fourni les motifs (dessin ci-contre) et Odorico en a été l’artisan. On remarquera  la longue bande axiale de la nef se terminant au pied du chœur.
Les mosaïques sont aussi très présentes comme déjà vu, dans le baptistère, richement décoré, sur les murs du chœur au dessus des stalles et l’autel Sainte Thérèse.

Le chœur

Il a connu 2 transformations depuis la construction de l’église, avec l’autel  » face au peuple » en 1967, puis après l’incendie, avec la remise au niveau d’origine, restituant ainsi les mosaïques de Garin. Vous pouvez consulter le détail de ces transformations.
 
Le programme décoratif s’organise autour de l’eucharistie qui est célébrée (le pain et le vin).

  • La mosaïque à l’entrée du chœur, au bas des marches, joint des gerbes de blé, des grains de raisin, des feuilles de vigne et le motif de l’hostie au centre de la croix stylisée
  • Les vignettes de vitraux alternent: gerbes de blé et grappes de raisin.
  • les mosaïques au dessus des stalles doublent les croix rouges d’un motif d’épi de blé et de grappe de raisin.
  • Enfin,dans la voussure du chœur, sont représentés des paons se nourrissant des raisins de la vigne, image symbolique exprimant la joie des élus au banquet céleste et en même temps, symbole d’immortalité, car les anciens attribuaient à la chair du paon l’incorruptibilité.

Derrière l’autel, trois grandes toiles représentent les vertus théologales: Au centre, la Foi (croix rayonnante plantée sur le globe), à gauche, l’Espérance (navire voguant vers le port, guidé par l’étoile ),à droite, la Charité (Le pélican nourrissant ses petits).

L’autel et le lustre, constituent un ensemble réalisé en 2004, composé par  l’artiste, M. Jean Paul Froidevaux émailleur à Sèvres. Le thème de l’artiste est le Christ,soleil invaincu et sauveur de l’univers. Au centre de cet ensemble se trouve la croix portant le Christ ressuscité. C’est un Christ de gloire, dans une position d’accueil. Il est réalisé en émaux de couleurs vives.

L’autel, de face, représente la sérénité du soleil levant. Sur les deux côtés, le soleil est au zénith, et sur l’arrière, au couchant. Le thème du Christ soleil invaincu se trouve dans les homélies des Pères de l’Eglise,le cycle du soleil étant alors une allégorie pour évoquer la résurrection éternelle deJésus-Christ.

Le lustre  occupe l’espace au dessus de l’autel. Composé de cercles planétaires, parsemé d’étoiles et de lumières, il signifie l’universalité du message du Christ. Il a été dessiné par M. Froidevaux, et réalisé par l’ atelier de ferronnerie Crézé. Il a été révisé en 2006, pour le relever de 25cm et supprimer les caillebotis noirs en fond des cercles pour éviter l’impression d' »écrasement » de l’autel.

L’ambon  a été complété par un décor de mosaïques en 2004  rappelant le style de l’autel. L’aigle de pierre blanche est le seul vestige de la chaire détruite en 1967.

Les stalles du choeur, comme les confessionnaux, oeuvre des menuisiers Legal et Breger, sont en chêne massif, mais toujours exécutés avec sobriété dans la décoration.