Le purgatoire en dix minutes!
Voici l’intervention que sœur Marie-Aimée, sœur de la Nouvelle Alliance de La Chapelle Montligeon, était venue nous faire au cours de la soirée Prières de mercredi dernier à sainte Thérèse.
Ce fut un des moments intenses de cette soirée, avec le sacrement des malades donné à deux personnes en ayant fait la demande.
LE PURGATOIRE EN 10 mn.
Pour connaitre une réalité, nous avons besoin de nous la représenter et pour cela nous avons recours à des comparaisons, des images. J’ai choisi l’image si belle donnée par Jésus lui-même en Luc 15, le retour du fils prodigue.
Je décline en trois points ce petit exposé : 1 : La rencontre avec le Christ. 2 : se laisser transformer par le feu de l’Amour divin. 3 : être instruments de miséricorde, infirmier pour mes frères et sœurs en souffrance pour que grandisse la joie du Royaume !
- La rencontre avec le Christ :
Après avoir dilapidé son héritage ce fils connait la famine, rentre en lui-même et choisit de revenir vers son père. Ce dernier l’aperçoit et court à sa rencontre pour le serrer sur son cœur. Le fils qui avait prévu un petit discours se voit immergé dans le cœur d’amour du Père.
Être immergé dans une étreinte, tel est le désir de milliers de personnes aujourd’hui : rien qu’à Chartres, au parc des expositions début novembre, pendant 3 jours, 8000 personnes rassemblées pour recevoir individuellement l’étreinte d’une femme, Amma, figure de l’Indouisme, symbole de compassion.
Précisément, au moment de la mort se vit la rencontre avec le Christ qui nous a dit : je suis la Porte (Jn 10), nul ne va vers le Père sans passer par moi (Jn 14,6). « quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi ! » (Jn 12, 32) Vous entrez dans cette attraction. Passant la mort, il ne vous sera guère possible de rester à distance, les mains dans les poches, en essayant de vous excuser comme le fils prodigue : Jésus attire, et il attire vers lui qui est pure Lumière. Le pape Benoît XVI affirme : (lettre encyclique spe salvi § 47) « la rencontre avec Lui est l’acte décisif du jugement, devant son regard s’évanouit toute fausseté. C’est la rencontre avec lui qui, nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. » (« Le regard du Christ, le battement de son cœur nous guérissent grâce à une transformation certainement douloureuse, « comme par le feu » Benoît XVI cf :rencontre de Pierre au moment de la passion)
Sainte Thérèse dira avec beaucoup de pertinence : « afin de pouvoir contempler ta gloire, il faut, je le sais, passer par le feu, et moi, je choisis pour mon purgatoire, ton amour brûlant ô Cœur de mon Dieu ! » En effet, le purgatoire n’est pas un ciel au rabais pour les tièdes, il est le creuset du parfait amour !
Le Christ est venu, non pour juger mais pour sauver, en apportant sa lumière et le feu de son amour. Ceci est important à rappeler car la théologie du purgatoire est une théologie christocentrique, ce n’est pas un simple appendice dans la révélation et la mise en lumière par l’Eglise. Saint Paul nous dit : « pas d’autre fondement que le Christ ! » 1 Corinthiens 3,11. Souvenons-nous de la phrase magnifique que prononce le célébrant durant la nuit pascale en plaçant les 5 grains d’encens sur le cierge : « Le Christ, hier et aujourd’hui, commencement et fin de toutes choses, alpha et omega, à lui le temps et l’éternité, à lui la gloire et la puissance pour les siècles sans fin ! Amen ! »
- Se laisser transformer, achever en notre beauté de fils et fille bien-aimé !
« Je suis le chemin, la vérité la vie ! » Que je sois catholique, musulman, athée, je découvre la pure Lumière : « je suis la Lumière du monde » (Jn, 8) et dans cette Lumière je réalise ce qui, en moi, lui est contraire : sur quoi ai-je bâti ma vie ? chacun retrouvera la valeur exacte de la vie : Le pape Benoît XVI nous avertit : « les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide et s’écrouler. Mais, dans la souffrance de cette rencontre où l’impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. »
Dans la petite église de Montligeon où cette grande œuvre internationale de prière a commencé, il y a un vitrail, voulu par l’abbé Buguet qui représente la pesée des âmes : thème fréquent dès le Moyen Âge : l’archange saint Michel tient une balance : sur un plateau l’âme du défunt, sur l’autre un petit diable essaie de faire pencher de son côté : ce qui est pesé c’est le poids d’amour : et là, sur le vitrail, fort heureusement, la main de la Vierge Marie se pose sur le plateau du défunt pour compléter ce qui manque : prie pour nous Marie, maintenant et à l’heure de notre mort !
Souvenons-nous : le moindre acte d’amour a valeur d’éternité. L’instant de cette rencontre sera en même temps notre jugement et notre purgatoire : 2 cor 5,10 : « car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué selon ce qu’il a fait, soit en bien, soit en mal, pendant qu’il était dans son corps. » Avoir une dent contre quelqu’un cela ne passe pas, au ciel n’entrent que des pécheurs pardonnés et pardonnant dont les blessures sont cicatrisées par le faisceau de l’Esprit. Le Purgatoire n’est pas une troisième voie entre le Ciel et l’enfer. Il est du côté du ciel, l’antichambre du paradis, en vue du Ciel. Le Ciel c’est accueillir le Dieu d’Amour : il y a donc un ajustement final pour arriver à l’union parfaite avec Dieu.
Voilà le fondement biblique de la théologie de la purification au-delà de la mort :
La première lettre aux Corinthiens, chapitre 3, versets 11 à 15 :
« La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus-Christ. Que l’on construise sur la pierre de fondation avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, ou avec du bois, du foin ou du chaume, l’ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière. En effet, le jour du jugement le manifestera, car cette révélation se fera par le feu et c’est le feu qui permettra d’apprécier la qualité de l’ouvrage de chacun. Si quelqu’un a construit un ouvrage qui résiste, il recevra un salaire ; si l’ouvrage est entièrement brulé, il en subira le préjudice. Lui-même sera sauvé mais comme au travers du feu. »
« Ne crains pas, nous dis Jésus, je pars vous préparer une place » (Jn 14,2) Sainte Catherine de Gênes affirme que l’âme se jette promptement et volontairement en cette place qui conduit vers celle du Ciel. C’est en effet l’infirmerie du Bon Dieu nous dit le curé d’Ars, et le jeune Carlo Acutis aurait témoigné à sa Maman de cette réalité sous des termes semblables : je le cite : « Maman, ce n’est pas ce que l’on croit, c’est comme un hôpital spirituel avec des services adaptés pour réparer les blessures de l’âme liées au péché. » Le père Maurice Zundel quant à lui parle d’une « couveuse divine, ou d’un enfantement qui ne s’achèvera qu’au ciel.
- Devenir solidaire, infirmier actif au service des âmes !
Le père du fils prodigue s’écrie à ses serviteurs : « vite ! apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds ! »
Vite, dis le Père du fils prodigue à ses serviteurs : voilà la hâte du Père : le Père est impatient de retrouver chacun d’entre nous, il nous aime comme précieux et uniques ! Ce serviteur c’est vous et moi, car l’âme en purification ne peut plus rien faire pour elle-même ; ce sont les pauvres par excellence, les exclus de l’invisible ; voulez-vous à votre tour leur apporter la plus belle robe ? C’est toute la solidarité de la communion des saints : nous sommes comme des vases communicants. Tout ce qui est imprégné de charité va les aider : la prière, le chapelet, l’offrande d’amour des riens du quotidiens, toutes sortes d’œuvres de miséricorde spirituelle.
Une aide- soignante, Sylvie, en service de cancérologie a entendu un jeune homme qui allait mourir et qui n’était pas en paix. Quelques mois après sa mort, cet homme apparait en songe à Sylvie, demandant de l’aide car il souffrait. Bouleversée, Sylvie en parle à des chrétiens, se convertit et fait célébrer une messe pour lui. Cet homme se manifeste à nouveau en songe radieux de bonheur. Elle témoigne : « on ne peut tout de même pas les laisser souffrir comme cela ! pour moi c’est la bonté de Dieu qui se manifeste dans la prière pour les défunts. Dieu les veut près de lui, il nous permet de les aider. » Et pour les aider, il n’est jamais trop tard, en particulier pour leur demander pardon ou implorer leur pardon.
Sainte Thérèse : la principale indulgence plénière est celle que tout le monde peut gagner sans les conditions ordinaires, c’est l’indulgence de la charité qui couvre la multitude des péchés. »
Voulez-vous faire grandir ainsi la joie au ciel ? le Père du fils prodigue a fait une grande fête pour son enfant retrouvé. Car « quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, il rassemble ses amis pour leur dire : réjouissez-vous avec moi !. Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit » ( Lc 15, 5-10). Et ce sas qu’est le purgatoire est celui de l’ultime conversion, le temps de la brulure du désir, de l’espérance. Vos prières et offrandes abrègent l’attente de vos frères et vous-mêmes vous connaitrez la joie spirituelle qui rejaillit sur les serviteurs.
La prière pour les défunts est attestée dès les premiers siècles de l’Eglise comme une pratique courante et constante. A partir du XIII° siècle commence à se dégager explicitement dans l’enseignement de l’Eglise la doctrine du purgatoire. Les 2 conciles de Lyon, puis en 1439 le concile de Florence, le concile de Trente en 1563.
C.E. n°1371 : le sacrifice eucharistique est aussi offert pour les fidèles défunts « qui sont morts dans le Christ et ne sont pas encore pleinement purifiés pour qu’ils puissent entrer dans la Lumière et la paix du Christ.
N°1479 : puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi membres de la même communion des saints, nous pouvons les aider entre autres en obtenant pour eux des indulgences, de sorte qu’ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs péchés.
N°958 : notre prière pour eux peut non seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur.
N° 1022 : chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement et pour toujours. N° 1034 : l’enseignement de l’Eglise affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Jésus parle souvent de la géhenne du feu qui ne s’éteint pas, réservée à ceux qui refusent jusqu’à la fin de leur vie de croire et de se convertir, et où peuvent être perdus à la fois l’âme et le corps. 1037 : Dieu ne prédestine personne à aller en enfer : il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu et y persister jusqu’à la fin.